Où suis-je ?

Publié le par Justine

J’ai repris le travail lundi dernier, le 26/11/2007, après plus de 10 mois d’absence. Car je l’ai quitté le 9 février. Hospitalisée dans la foulée pendant environ 5 mois environ. Et depuis juillet, j’étais en congé longue maladie, et congés annuels ensuite. Du coup, ce n’est que lundi dernier que j’ai fais ma grande rentrée !   

C’est dur, tellement dur…. Et pour plusieurs raisons.  

 

Déjà parce qu’il a fallu malgré l'accueil vraiment super qui m'a été réservé, faire face tout de même aux regards des collègues, interrogations de certains, commentaires d'autres... Donc au niveau du "relationnel" si je puis dire. Même si les gens et moi-même d'ailleurs avons je pense réussi à tourner la page, j'ai inévitablement lu des choses dans les yeux de certaines personnes, ressenti des émotions importantes... Et puis ma messagerie sur l’ordinateur du bureau était restée en l'état. C'est à dire, non vidée depuis le 9/02 et je suis du coup, retombée sur des messages écrits juste avant mon "départ précipité" (que je ne développerais pas à nouveau !) et surtout, sur les réponses dont je n'avais jamais pris connaissance encore... Cela m'a pas mal brassée et touchée. Bouleversée même.  

 

Ensuite, il y a sur le plan du travail en lui-même. Pour faire un bref bilan, il faut savoir que de février à avril, personne ne m'a remplacée (jusqu'à ce qu'ils aient la réponse de mon longue maladie en fait). Les collègues traitaient seulement quelques urgences. Ensuite, de mai à juin, une petite jeune sous contrat, puis un emploi d'été juillet et août et enfin, une autre jeune sous contrat de septembre à novembre. Du coup, j'ai retrouvé un désordre monstre, des tonnes de choses non traitées (ou mal), non enregistrées... Une catastrophe. Il me faut tout reprendre, essayer de retrouver, répondre aux urgences laissées en souffrance... Une charge de travail qui depuis ma reprise, ne m'a pas laissée une seule seconde de répits ! Moi qui m'étais jurée de reprendre en douceur ! Waouh ! C'est plutôt hard ! D'autant qu'il semblerait qu'on m'attendait avec grande impatience sur le plan du travail ! Un directeur et une responsable de service qui commencent déjà à charger la mule et me solliciter de toute part.  

 

Il m'est aussi très difficile de rester pendant autant d'heures concentrée sur quelque chose de mental. Je n'en ai plus l'habitude. Car à la maison, je brassais pas mal, mais pas de stress lié à des obligations de concentration, réflexion longue... Et aussi, je n'arrive pas à rester mes 8 heures assise sur ma chaise. J’ai envie de bouger, faire autre chose.  

 

Enfin, je me rends compte à quel point j'avais pris d'autres habitudes et m'étais organisée différemment pendant mon congé. De ce fait, j'arrive le soir et me sens complètement désorganisée et dans l'incapacité de tout gérer, d'assumer mes différents rôles qui s'ajoutent à ma journée de travail. Je me sens complètement perdue, avec beaucoup de mal à retrouver mes marques. 

 

Dernier problème, le repas de midi. Il ne nous est pas possible de manger chaque jour au restaurant ou à la cafétéria. Car à deux, ça chiffre vite maintenant. Thierry lui a l'habitude de son sandwich dans une grande surface avec sa viennoiserie derrière ! Cela ne lui déplait pas en goût et ne semble pas avoir trop de conséquences sur le plan de sa santé. Pour ma part, je n'y suis pas trop favorable, du moins pas tous les jours. Du coup, j'ai du mal à trouver quelque chose de remplacement, qui puisse en + être possible de manger debout en faisant le tour d'un magasin ! Un peu galère. Et on a beau y réfléchir, pas 50 solutions. On ne peu pas emmener notre repas car pas d'endroit pour le manger et/ou le réchauffer... 

 

Alors pour moi qui avais bien pris le rythme de mon repas complet (entrée, plat chaud équilibré, fromage, dessert et pain) et de le savourer lentement car tout mon temps le midi... Pas évident. 

 

J’ai retrouvé également les superbes habitudes des collègues à la pause café ! Chaque jour, la table de la cuisine au boulot est remplie de cochonneries ! Soit des tartes, soit des croissants, brioche aux pralines, aux amendes ou autre, soit des boîtes de chocolats, des petits fours d’apéro… ! Pas un seul jour ou quelqu’un n’arrose pas quelque chose. Un jour c’est une promotion, une autre fois c’est un anniversaire, une fête, un changement de service, une réussite à un examen, le permis de conduire du fiston (si si je vous assure ! ! Vive les fonctionnaires !), etc… 

 

Et depuis lundi dernier, impossible d’y échapper car les gens maintenant savent. Ce qu’il m’est arrivé, ce que j’ai eu (car les choses finissent très vite par se dire et se savoir) et forcément, tout le monde sait que je suis revenue guérie comme ils le disent ! Alors ce sont des phrases du style « ah non ma Gégé, tu peux plus refuser maintenant », ou « aller, tu ne vas pas recommencer », « fais-nous plaisir », « prouve-nous que tu vas mieux » et j’en passe… J’essaie d’expliquer que la guérison ne m’empêche pas d’être obligée de faire un peu attention à ce que je mange, et que justement, cela fait même partie du « programme » de maintien de cette amélioration, mais rien à faire, les gens ne comprennent pas. Alors je cède, et participe comme tout le monde le fait à ces gavages de cochonneries quotidiens. 

 

Mais du coup, ça y est, la balance s’en ressent (+1 kilo déjà). Et avec ce souci de repas de midi, mon alimentation est désorganisée, non équilibrée, et je me sens inévitablement en panique car n’arrive pas à gérer les choses correctement. Un peu comme quand je suis rentrée de l’hôpital. Plus les mêmes repères, plus les plateaux parfaitement équilibrés et savoureux tout prêts… Là, bêtise dans la matinée, repas de midi incomplet ou mangé trop rapidement, et j’arrive le soir à 17h45 en ayant cette sensation de faim au ventre infernale ! Alors je craque sur un bout de fromage ou n’importe quoi d’autre. Mange mal le repas du soir… 

 

Bref, ça ne va pas du tout. J’ai l’impression d’être à nouveau dans une mauvaise gestion alimentaire et ne suis pas satisfaite. Je n’arrive pas non plus à trouver les solutions idéales qui permettraient de l’améliorer. 

 

Un peu mal dans ma peau à nouveau aussi, à cause de ces 60 kilos. C’est idiot, mais 59, ça passe, 60, ça ne va plus ! Un peu comme les euros ! ! !  12,99, ce n’est pas 13 ! Et pourtant, pour un centime ! Et bien là, 1000g ne change pas grand-chose à mes formes ou mon apparence, mais dans mon esprit, ça fait toute la différence. C’est une barre de + de franchie, un pallier de trop que je ne peux supporter. Le pire, c’est que j’aimerais réussir à perdre un peu de poids (DE MANIERE RAISONNEE ATTENTION ! !), mais que je n’y arrive même pas. J’ai faim, j’ai envie de manger, et tellement peur de replonger qu’il m’est impossible de mettre en place un mini régime. Alors je reste avec mon poids et tente de l’accepter malgré les arrière-pensées que j’ai. 

 

Difficile tout de même. Très souvent, le problème refait surface et me hante.  

 

Beaucoup de tensions et de stress aussi depuis ma reprise. Cela joue sur mon état en général. Fatigue supplémentaire, moral un peu plus bas. Normal. Mais là encore, je dois être vigilante et veiller à ne pas déraper. Me laisser à nouveau me faire prendre au piège des petites voix qui me reviennent à l’esprit, ou dépasser par certaines émotions…  

 

C’est drôle cette sensation de ne plus voir ma lumière. Celle qui semblait tant briller quand je suis sortie de l’hôpital et depuis quelques mois. Elle m’indiquait la porte de sortie de ce terrible tunnel que constituent la maladie et mon mal-être. 

 

Mais j’avance malgré tout. Même si je ne vois plus ma lumière et piétine. Dans le noir, mais j'avance... On verra bien vers quoi et où je me dirige... Peut-être suis-je en train de me tromper de chemin ? Et bien j'en changerais alors ! Car je me refuse à faire marche arrière pour voir là où je me suis trompée. Hors de question. Reculer me fait terriblement peur et m’angoisse tellement. Trop peur de rencontrer sur le chemin du retour, les démons qui m’ont envahie pendant si longtemps, la maladie qui m’a tellement détruite ! Je ne veux plus prendre un tel risque. J’ai trop souffert, et en subis encore aujourd’hui les conséquences. 

 

Un exemple, j’ai dû aller en urgence un dimanche chez le dentiste de garde pour une rage de dents terrible. Il m’a fait un soin pour me soulager et a souhaité que je retourne chez mon dentiste habituel dans les plus brefs délais. Chose faite. Bilan du rendez-vous : toutes mes dents semblent très abimées et avoir profondément souffert des longs mois de carences, de maltraitance, de boulimie, de la maladie. Je dois passer une radiographie panoramique pour voir l’étendue exacte des dégâts et passer ensuite une bonne partie de l’année 2008 aux côtés de ma dentiste ! Bonne nouvelle, super !  

 

Mes intestins ne refonctionnent toujours pas normalement et là encore, m’inquiètent de + en + car certains symptômes deviennent inquiétants. 

 

L’ostéoporose me gagnera peut-être aussi un jour, comme me l’ont dit les médecins de l’hôpital de Lyon, car souvent des douleurs dans les os, les membres… 

 

Bref, tout cela pour dire, redire, à quel point ces Troubles du Comportement Alimentaires sont des maladies graves, qui déciment totalement la personne qui en est atteinte, quelle qu’en soit la durée, le degré et la prise en charge qu’il puisse y avoir. 

 

Alors bien sur, plus tôt on peut tenter de guérir, moindre seront les conséquences. Mais ce terrible mal vous ronge très vite et en profondeur, sans que vous puissiez ne rien faire, et même au-delà de ce que vous imaginez. 

 

C’est pourquoi il faut se battre, dans un premier temps pour ne jamais se laisser emporter dans le tourbillon de cette pathologie, et si tel est le cas, pour faire tout ce qui est actuellement en pouvoir des médecins pour en sortir… Et ne jamais à nouveau la subir.  

 

Chaque jour, encore maintenant, je me bats pour cela. Je reconstruis tout ce que la tempête a terrassé et emmené avec elle, et je tente de me protéger d’un nouveau séisme éventuel ! Je renforce ma « bâtisse », la rend plus solide et en capacité si cela devait se produire un jour, de faire face.  

 

Mais il y a des jours où…  

 

J’aimerais revoir ma lumière, je crois que cela m’aiderait beaucoup. Pour cela, peut-être vais-je changer de direction. Qui sait ? 

Publié dans Archives 01 à 12-2007

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S
<br /> <br /> un ptit coucou...j'ai bien noté ton mail,merci ! là j'avais juste la flemme d'aller voir ma boite mail,et tout et tout...<br /> <br /> <br /> Et comme j'étais en train de lire,je voulais quand méme m'arréter ,et te souhaiter une bonne journée !  et un bon week-end !<br /> <br /> <br /> <br />
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M
je suis desole je ne savais pas que ct t ecrit je ne connaissais meme pas ton blog, g du le prendre ailleurs, je v mettre ton lien excuse moi encore
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