Il neige aussi dans mon cœur…

Publié le par Justine

 

 

 

Ce matin, tout est blanc, et il neige à gros flocons. Comme si l’hiver arrivait… 

 

Il neige aussi dans mon cœur aujourd’hui. Je me sens si vide, perdue, incapable de voir un peu de ciel bleu éclaircir ce triste temps qui m’anime.  

 

Je suis enfin sortie de cet hôpital dans lequel j’étais en attente d’une autre structure. Sortie parce qu’ils se sont rendus compte que me garder là-bas devenait plus néfaste que bénéfique. D'une part parce que cet établissement n'était pas du tout adapté pour moi, et aussi parce que j'étais devenue un peu en quelque sorte le psychologue de certains patients, l'oreille attentive, celle qui était à l'écoute, aimée de certains et appréciée, et celle qui tentait du coup de régler les problèmes de tout le monde sauf les siens ! !  Rien de négatif dans le fait de vouloir apporter un peu de soutien aux autres, mais le moral commençait à s’en ressentir, car je me culpabilisais de ne pas pouvoir aider ces personnes comme j’aurais voulu le faire, ou souffrais de les entendre pleurer et les voir en souffrance toute la journée. Et puis je n’arrivais plus non plus à supporter ceux qui avaient des troubles psychiatriques bien plus lourds, qui hurlaient dans les couloirs ou se tapaient la tête contre les murs, qui titubaient en racontant n’importe quoi, qui vous agressaient parfois sans raison… La décision d’un retour définitif à la maison a donc été prise.  

 

Depuis mon retour, je tente de tenir le coup avec mes troubles alimentaires de plus en plus importants, destructeurs et ingérables. Je suis dans une période maintenant de boulimie, avec d'énormes crises et de graves conséquences sur mon état de santé. Seule chose positive, cela m'a fait reprendre pas mal de kilos ! Mais à part cela, chute importante de potassium liée aux vomissements, douleurs dans un rein avec du sang dans les urines (causée par la prise régulière et trop importante de laxatifs), problème dentaires (du fait que je ne mâche plus du tout depuis des mois car soit je ne mange pas, soit j'avale sans mastiquer lors des crises)... bref, un état somatique alarmant que je suis en train de traiter et qui m'a obligée à me rendre à l'évidence. Ma maladie a évolué et s'est aggravée, et je ne peux continuer à vivre ainsi sans la prendre davantage en considération.  

 

Je me sens perdue, seule, à la maison. Et même si j’ai pourtant des centaines de choses à faire, je m’ennuie. Mon travail me manque, mon rythme à 100 à l’heure, le stress qui me permet d’avancer, la pression dont j’ai en fait besoin pour être bien. Oui, j’ai besoin de tout cela. D’être sous tension, de courir tout le temps, d’avoir la sensation de ne pas arriver à tout faire, d’être speed, de ne pas m’arrêter une minute. C’est ma manière de vivre, et là encore, ce rythme effréné dans lequel j’ai toujours vécu me manque comme une drogue nécessaire. Depuis début février, date à laquelle j’ai été mise en arrêt maladie, je me sens comme démunie. Privée de quelque chose. Obligée d’être au ralenti telle une infirme, une malade, une incapable… 

 

Je ne cesse de me dire que la maladie a gagné une bataille de plus. Elle a réussi à me faire perdre tout ce que j’aimais. A m’immobiliser et m’enfermer dans son monde, que je vis maintenant comme un véritable handicap.  

 

Je n’arrive même plus à me battre contre les crises de boulimie et tenter de les repousser ou les esquiver. Je n’arrive plus du tout à manger un seul aliment normalement. Je n’arrive plus à trouver la force de réfléchir correctement à ce qu’il faut que je fasse ou non. Je suis à bout de forces. Fatiguée physiquement, usée moralement et mentalement. Je crois que je suis arrivée au bout de ce que j'étais capable de supporter dans ces troubles atroces.  

 

L’impression d’être enfin parvenue au bout du tunnel, mais qu’il n’y a en fait ni lumière, ni ouverture. Parcouru tout ce chemin en étant convaincue qu’au bout il y aurait la sortie, mais non. Il n’y a rien. Un mur de bêton, un tunnel toujours aussi sombre et fermé. J’essaie alors de savoir si je me suis trompée et où ? Ai-je pris le mauvais chemin, lequel, quand ? Faut-il que je fasse marche arrière et tente de trouver une autre issue qui peut-être me mènerais jusqu’à cette fichue lumière ? J’ai déjà trop marché et je n’ai plus l’énergie nécessaire pour cela… 

 

J’avoue avec beaucoup de regrets et de peine, que je suis incapable de m’en sortir seule, et que je vais maintenant me laisser porter par les autres, jusqu’à cette porte de sortie que l'on trouvera peut-être à ma place.  

 

J’attends avec impatience mon entrée en structure spécialisée, tout en me demandant encore si c’est la solution, et en ayant une peur indescriptible du moment où il faudra partir, et de mon séjour là-bas. 

 

Aujourd’hui il neige, il neige dans mon cœur. Que fera-t-il demain ? 

 

Publié dans Archives 01 à 12-2007

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L
douces pensées <br /> bisous
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C
Il ne neige pas ici à Lyon... un des rares endroits où il ne neige pas...Je pense à toi. Je crois que qu'il n' y a pas de honte à dire que tu ne y arriveras pas seule... Elle a tellement d'emprise... Mais je crois que tu vas y arriver... Pour toi pour tes proches. Et c'est normal d'avoir peur. Moi aussi j'ai peur de ce que je vais trouver au bout de cette thérapie. Je crois que s'il neige aujourd'hui, il fera beau demain. Ou après-demain au moins.Je t'embrasse fort
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