Ce n'est qu'un "au revoir"....

Publié le par Justine

 

  

 

Il paraît que le chiffre « 7 » a pour beaucoup de personnes, une signification, une importance ou qu’il met fin parfois à quelque chose…    

Aujourd’hui, nous sommes le 7 du 7e mois d’une année ce terminant par un 7. Alors que de 7 ! ! ! Et bien ce chiffre ce soir, aura pour moi la signification suivante : celle de faire une pause dans ce blog que j’ai tenu durant tous ces mois. Mettre une fin aussi à quelque chose.   

Mais aussi, celle de vous donnez les dernières de mes nouvelles, et de vous laisser, sur une note d’espoir.  

Les médecins de l’hôpital dans lequel je suivais une thérapie pour vaincre mes TCA ont estimé que j’étais arrivée au bout de mon soin, et qu’il n’était plus bénéfique que je poursuive plus longuement mon hospitalisation. Au contraire, les conséquences liées au manque de ma p’tite famille commençaient à jouer sur mon moral et avoir des incidences sur le travail psychologique fait là-bas. De plus, les enfants étant chacun leur tour un peu à droite  à gauche au mois de juillet en vacances chez les grands-parents, tantes, copines…, cela me permettait aussi de reprendre le rythme à la maison de manière un peu moins rude si je rentrais dès maintenant. 

Je suis donc sortie le 3 juillet de l’hôpital.   

Depuis, je serais franche en disant que j’ai beaucoup de mal à m’adapter, retrouver mes marques, que je me sens un peu perdue et qu’il n’est pas facile pour moi d’assumer ce retour à domicile. Quoi de plus normal ! Cela faisait 3 mois (et même bien plus si l’on tient compte de mon hospitalisation en CHS juste avant), que j’étais dans un environnement où je n’avais rien à faire si ce n’était m’occuper que de moi, faire des activités manuelles, lire, écrire, me détendre, dormir, me promener et discuter avec les autres malades. Et puis surtout, une prise en charge continuelle. Presque 6H par jour d’entretiens avec des professionnels de santé (psychiatres, psychologues, infirmières….) et à la moindre angoisse, au moindre souci, il suffisait de sonner et quelqu’un était là, à votre écoute, vous soulageait et répondait à vos attentes, questions ou inquiétudes. Pour ce qui est de l’alimentation, là encore, quelle facilité ! 3 plateaux vous étaient servis matin, midi et soir, avec dessus, juste ce qu’il fallait pour que vous ayez tout ce dont votre corps à besoin, et pour permettre une reprise de poids certaine mais progressive durant l’intégralité du séjour. Que l’on vous obligeait à terminer (anorexie impossible alors). Rien d’autre à côté, aucun risque de grignotage, de dérapage (boulimie impossible alors).Pas de balance (une pesée par semaine mais dont le chiffre était caché et ne vous était pas communiqué). Je suis donc partie de là-bas sans connaître réellement mon poids de sortie. Pas de miroir, car on nous apprenait à nous accepter telle que nous nous observions en réel, telle que nous nous touchions, et non par l’image renvoyée d’un miroir. Seuls les vêtements trahissaient un peu la prise de poids ! Et encore, les tailles n’ayant parfois aucun sens, cela n’avait guère de signification.  

Au retour à la maison, il y a : le miroir justement, dans lequel j’ai pu retrouver mes formes d’avant la maladie (ma jolie culotte de cheval, mon joli bas bien charnu et mon haut toujours aussi squelettique !!!), la balance sur laquelle je n’ai pu m’empêcher de monter et qui a affiché le chiffre assez impressionnant tout de même de 55 kilos ! Les enfants, le bruit qu’ils font, leur volubilité, leurs exigences, le fait qu’ils m’accaparent énormément (quoi de plus légitime après tout ce temps d’absence). Il y a mon p’tit mari à qui j’aimerais pouvoir tout donner, lui « rendre » en quelque sorte tout ce qu’il a fait pour moi pendant tous ces mois, rattraper le temps (non perdu mais passé tout de même), mais je n’ai pas encore toute la force nécessaire pour cela et je m’en veux du coup beaucoup. Il y a la maison et tout ce qu’elle impose, avec les tâches ménagères, les travaux commencés. Normal là encore, que je veuille soulager un peu les filles qui ont tout pris en charge en mon absence. Et il y a surtout plus personne à appeler quand je me sens frustrée, angoissée, stressée ou contrariée. Plus d’écoute, plus de réponse, plus de soutien. Je dois gérer tout cela seule maintenant. Et ce qu’il y a de pire, c’est qu’il n’y a plus ce garde fou côté alimentaire. Là-bas, 3 repas normaux et sains, à manger de force. Ici, il faut être en mesure de reproduire ce schéma là. Faire et accepter de manger ces 3 repas, et ne pas craquer en dehors de ceux-ci sur tout ce que contiennent le frigo, les placards, le congélateur…  

Alors tout cela, même si c’est normal et habituel pour tout le monde, et bien pour moi qui reviens de 3 mois où je vivais dans de toutes autres conditions, ce n’est pas forcément facile à supporter et gérer. Je reconnais donc, que mon retour m’oblige à beaucoup d’efforts, de difficultés et à dire ce soir que je ne suis pas au mieux.  

Je sais aussi que l’on ne sort pas d’une telle hospitalisation guérie. Il n’y a pas de guérison miraculeuse pour ce type de maladie. Pas de réels traitements efficaces et fiables à 100%. On en sort avec des armes et un bouclier permettant de détecter, repérer et surtout combattre les troubles au quotidien. Mais la maladie n'est pas totalement vaincue, et je le sens bien.  

Mais par contre, ce que j’aimerais tout de même lancer comme cri et laisser ici comme note d’espoir, c’est que l’hospitalisation a été pour moi essentielle et la seule solution qui m’a permis d’éviter le pire. Si je n’étais pas partie, je ne serais probablement plus là aujourd’hui, franchement. Mon poids était trop bas, et surtout, des problèmes de santé très importants. Un rein qui dysfonctionnait, les intestins et l’estomac qui ne jouaient plus du tout leur rôle, la trachée complètement réduite et déchirée par l’ampleur des vomissements, un état dépressif important, une incapacité totale à remanger normalement, mâcher, des heures entières passées cachée pour manger ou vomir, ou à l'inverse, boire de l'eau et dormir…  

Aujourd’hui, j’ai un poids tout à fait satisfaisant (IMC de 19 !), et tous mes soucis de santé ont pu être pris en charge et résolus de part cette hospitalisation. Je passe à table à chaque repas et mange exactement comme les autres, ai appris de nouveau à mastiquer et avaler normalement les aliments, retrouvé le plaisir des plats, les odeurs, le goût. Je suis même en mesure d’aller à la cafétéria ou au restaurant et de manger tout à fait normalement. Je suis capable de partir faire une grande balade avec mon p’tit monde, refaire du vélo et plein d’autres choses.

J'ai retrouvé mon sourire, et mes ailes semblent pouvoir me permettre de m'envoler à nouveau, même si pour le moment, il faut que je reste vigilante et ne vise pas trop haut. 

J’ai fait un travail psychologique énorme comme jamais je ne l’avais encore fait malgré tous les psychiatres déjà rencontrés et qui ont pu me suivre (sur mon vécu, mes parents, mes frères et sœurs, mon enfance, mon adolescence, ma vie actuelle, mon mari, mes enfants, plein d'autres chose encore, et surtout, sur moi-même). On m’a appris à me connaître, à m’écouter, à m’accepter, et à m’aimer même. On m’a donné la possibilité de régler plein de problèmes latents, répondu à toutes les questions restées jusqu’alors sans réponse, appris à gérer et détecter des choses (stress, angoisse…), lâcher prise sur d’autres (moins d’exigences matérielles ou envers moi-même et les autres). Je sais maintenant qu’il ne me faut pas mettre la barre à 1m50 si je ne peux sauter qu’1m20. Je sais maintenant ce qu’est l’estime de moi-même et comment la trouver et l’augmenter encore (uniquement grâce à moi et non plus dans l’attente ou dans le regard des autres). Je sais maintenant m’affirmer, dire non, dire ce que je pense même si cela ne plaît pas. Je ne suis plus cette femme qui depuis toute petite jouait un rôle et une pièce de théâtre sur une scène, en portant des masques et des costumes. Pour tenter de plaire, de satisfaire, d’attirer l’attention, et surtout, tenter de cacher ou ignorer ma véritable personne. Je suis moi, la vraie, l’authentique. Enfin. Avec mon parcours que j’ai maintenant accepté, ma personnalité, mes défauts et mes qualités. 

Tous ces acquis sont énormes et pour tous cela, jamais je ne regretterais mon hospitalisation, même si elle a parfois été un véritable enfer, et malgré la dureté des soins et ce qu’il faut supporter là-bas. 

Cette expérience m’a aussi aidée à comprendre quelque chose. Que pour se défaire de cette fichue maladie, il fallait à tout prix essayer de s’en détacher au maximum, même par de petits moyens. Pour cette raison, je décide de faire une pause sur mon blog. Ne pas le supprimer, car je pense qu’il peut informer certaines personnes, ou être un cri pour d’autres, un témoignage, une alerte, une aide, une histoire qui fait réfléchir. Ne pas arrêter complètement d’écrire dessus non plus. Mais y venir moins souvent. Car venir écrire chaque jour et profiter de ce moment pour aller consulter aussi tous les blogs des personnes que l’on a rencontré ainsi et avec qui ont a partagé des choses, prends du temps. Beaucoup de temps. Et des instants partagés avec quoi en fait ? La maladie. Les troubles. On vient parler d’elle, lire sur elle, partager de ses maux, ses conséquences…. C’est du temps qu’on lui accorde d’une certaine manière et une façon de la laisser nous prendre ce que l’on a de plus cher et important. Le temps. Le temps qu’il est préférable de partager avec les gens que l’on aime, ou avec soi-même. A faire des choses agréables, à construire, à accomplir des choses et des projets. Du temps qui nous permet de vivre des instants que la vie peut nous offrir, autres que ceux que la maladie elle, nous enlève.   

C’est maintenant ces moments là que je veux vivre. Je veux consacrer les 3 ou 4 h que je passais parfois quotidiennement à écrire et lire sur internet, à vivre pleinement. Je ne veux plus rien donner à cette maladie, ne plus la laisser m’envahir et me trahir, même si je sais pertinemment qu’elle est toujours bien là. Comme un démon enfoui en moi, latent pour le moment, mais prêt à surgir à nouveau à tout moment, et profiter de la moindre faille pour me faire replonger complètement.  

C’est tout de même en forme (dans tous les sens du terme ! ! ! !), avec le moral et pleine d’espoir et d'optimisme, que je vous laisse donc ce soir.  

Sachez que ce n’est pas pour autant que je laisse tomber toutes celles qui m’ont soutenue jusqu’à présent, bien au contraire, je garderai le contact via nos adresses mail ou via MSN. Je remercie d’ailleurs une fois encore, toutes les personnes qui appréciaient de me lire et qui m’écrivaient. Et je reviendrais, régulièrement mais bien moins souvent, donner quelques nouvelles… 

Publié dans Archives 01 à 12-2007

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S
Que de bonne nouvelles et d'optimisme, bravo à toi pour tout le courage dont tu fais preuve !Par curiosité j'aimerai connaitre le nom de la clinique où tu as séjourné car il y en a une à 30min de chez mois...J'envisage moi aussi (si je n'ai pas trouvé les moyens d'ici la rentrée) de me faire suivre par un médecin spécialisé dans ces troubles... Pour l'instant, je fais plus de l'auto-thérapie (cf mon blog). Aurai-tu des conseils à donner pour s'en sortir des trucs de survie en qq sorte...Nous somme toutes (celles qui te lisons) trés fières de toi !!Bravo encore, la route et longue mais la liberté si proche !Bizzzzzzzzzzzz !
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J
Justine<br /> <br /> Et bien, si tu avais ce que je suis fière de toi ! Et soulagée aussi...<br /> Je savais que t\\\'avais ces ressources en toi et que c\\\'était possible et je suis mais vraiment heureuse pour toi, heureuse de voir que ça y est, tu t\\\'es donné cette chance et t\\\'as réussi ma belle !<br /> Je sais, rien n\\\'est jamais vraiment terminé mais t\\\'as fait le plus dur, oh oui ! C\\\'est un beau courage et MERCI, un merci immense, tu l\\\'as fait pour toi et ta famille mais ça représente beaucoup pour moi de savoir que c\\\'est possible.<br /> J\\\'y tenais vraiment à ta guérison !!<br /> Bravo, bravo !!<br /> <br /> Je comprends que tu dois être perdue, ça me rappelle une sortie de l\\\'h^ôpital, j\\\'étais dans ma bulle et là, il fallait faire avec la vie et tous les pièges qu\\\'elle englobait, mais je te fais entièrement confiance.<br /> Je sais que tu peux. Déjà réussir à aller à la cafet c\\\'est symbolique étant donné tout ce qui a pu se passer dans les cafets. j\\\'espère que tu te rends compte de tout ce que tu as fait, de tout ce chemin et que c\\\'est TOI qui l\\\'a fait et toi seule.<br /> Les médecins sont là mais ne font pas la majorité du boulot, cette réussite tu te la dois.<br /> <br /> Tu sais, ne te sens pas si seule, si jamais ça va pas, tu sais que tu peux m\\\'appeler et on parlera pas de la maladie promis, pour pas rester dedans ou rappeler des souvenirs qui seraient capable de tenter malgré leur force de destruction.<br /> <br /> Je t\\\'embrasse et je te le redis: je suis frière de toi.<br /> <br /> Avec tout mon soutien.<br /> <br /> Juliette
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X
Bonsoir,<br /> J'ai été aussi hospitalisée 3 mois dans un institut pour anorexie mentale,je suis maman de 3 enfants,j'ai 34 ans,j'ai un mari géniale mais qui a dû mal à comprendre les tca.Mon hospitalisation a été dure et les séparations ont été horribles mais je ne regrette pas cette hospitalisation  ou j'ai réapris à manger.Lorsque je suis sortie àprès 3 long mois,j'avais peur de tout,j'avais peur de sortir,..il a fallut 1  long mois avant que j'essaye de sortir sans crainte et retrouver mon rôle de maman et d'épouse. <br /> A ce jour, j'ai repris mon travail à mi temps thérapeutique ,ça va,et le moral est bon, je sais que la maladie est dans moi,silencieuse mais je me bats pour pas qu'elle ne refasse pas  surface,je me suis promise pour ma famille.<br /> merci de ce blog car c'est aussi là qu'on voit qu'on est pas seule face aux tca.<br /> prends soins de toi.Tu peux être fière de toi.Xena_<br />  <br />  <br />  <br />  <br />  
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C
aurais je eu raison de te décrire par envolée sur mon blog ? Take care,envole toi! continue à te battre... ne te force pas à revenir vers nous, vers la maladie surtout... ENVOLE TOI, je ne t'oublierai pas... moi aussi je continue et je vais mieux et je t'approuve ds ta décision...je crois en toi et je t'embrasse très fort... bonne chance.tendressesCarla-Nathalienb : conseil purement technique : peut etre devrais tu imprimer ton blog et le garder de côté si tu souhaites en garder trace... surtout si tu viens moins souvent. certains blogs ont entièrement disparu sans crier gare pour des pb techniques d'hébergeur... ou par suppression de l'hébergeur comme tooblog par exemple
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