Pourquoi cette image de mon corps ?

Publié le par Justine

  

Ce soir, je me trouve énorme. Et pour cause ! A force de cumuler les crises de boulimie, mon poids ne cesse d’augmenter. Je me retrouve aujourd’hui à 50 kilos ! 

 

 

 Catastrophe ! Le chiffre qui me rend folle et que je déteste voir apparaître sur cette fichue balance.

 

 

 

  Mais pourquoi ?

 

 

 

  

Je me sens lourde, très grosse avec un tel poids. Mes formes commencent à se modeler à nouveau et cela m’effraie terriblement. Je ne m’aime plus avec celles-ci, je ne m’accepte pas. C’est fou, je me sens davantage en harmonie avec moi-même et avec mon corps, quand j’ai un poids plus faible et que pointent légèrement mes os, mon squelette. Le tronc de cet arbre qui est le mien et me soutient.  

 

Comment expliquer ce mal-être que représentent les symptômes de l’anorexie, et qui me pousse à vouloir sans cesse maigrir, ou refuser du moins maintenant, toute prise de poids ?  

 

« L’anorexie est une araignée. Plus je me débats pour en sortir, plus elle tisse sa toile autour de moi, et à chaque nouveau geste pour maigrir, la toile se resserre encore et encore ».  

 

 

"La toile se re-serre..."  belle métaphore non pour un mal qui nous englouti ? Je ne sais pas pourquoi un jour ou l'autre on devient anorexique, boulimique ou atteint de trouble du comportement alimentaire, mais ce que je sais c'est que même si les gens autour ne comprennent pas, ils ne voient pas que leur indifférence et leur incompréhension nous fait encore plus mal que la maladie elle-même... Car nous sommes seuls. Les seules personnes qui nous écoutaient au début, nous soutenaient et nous aidaient, s'en vont petit à petit, les unes après les autres, parce qu’elles se rendent compte que rien ne va mieux, rien n’évolue vraiment… 

 

 

Je crois que c'est ce qui me pèse le plus, cette sensation d'être seule et incomprise....

C'est dur à comprendre, c'est aussi dur à expliquer, et dur à dire. Tellement dur de le vivre.   

Car même s’il y a des jours, comme aujourd’hui par exemple, où vous semblez reprendre un peu espoir, et où vous vous sentez un peu mieux, il n’empêche que la maladie est là, et ne vous lâche pas. Je ne voulais pas faire de crise, pour me préserver un peu et limiter les blessures inévitables. Seulement j’ai ressenti ces terribles symptômes de pré-crise, que sont : un sentiment de tension très pénible, une excitation, irritabilité, angoisse et nervosité, un état de manque et en recherche de nourriture. J’ai donc succombé une fois encore… Crise ! Avec perte de contrôle, sensation de malaise, ingestion de centaines de calories… Inévitablement, passage obligé à la post-crise ! ! Vomissements, qui soulagent mais sont teintés de honte, culpabilité, déception, regrets. Volonté extrême de stopper ce processus en se jurant que ce sera la dernière ! 

 

La dernière !! Combien de fois me suis-je promis que ce serait la dernière ? Combien de fois ai-je tenté de résister, même violemment, face à l’arrivée d’une crise ? Combien de fois, en phase « anorexique » me suis-je dis « il faut que tu manges et que tu gardes ce repas », « il faut que tu reprennes un peu de poids »… ? Toutes ces affirmations dont je suis persuadée au fond de moi, et qu’il m’est pourtant impossible de mettre en œuvre. 

  

Une véritable torture.

  Mais j’ai envie malgré tout de commencer une bonne semaine demain. Je veux positiver et voir la vie telle qu’elle m’apparaît quand même parfois. Je veux vivre ces petits moments de bonheur que la vie m’offre toujours, les saisir. Ne surtout pas les laisser s’échapper. J’en ai tant besoin. 

 Alors demain, j’apprécierai : un mot gentil, un geste, un sourire, un instant partagé, une parole, une fleur, un rayon de soleil, une musique, une marque de tendresse, un compliment, un café, la présence de mes proches, mon cours de danse… et tant de choses encore.

Je ne veux pas être un clown triste !

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Archives 10 à 12-2006

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J
Bonjour Justine,<br /> C'est un des plus gros problèmes ça : être incomprise...<br /> Je suis bien d'accord avec toi, la toile se re-serre, j'ai l'impression qu'on peut stagner mais qu'elle est plus forte que noous, qu'il n'est question que de rester à la surface...<br /> Je suis contente que tu aies ce cours de danse et moi ce cours de chant, ça ne dure pas longtemps mais qu'est ce que ça fait du bien et ce que ça décharge de faire quelque chose qu'on ne se croyait pas capable de faire, quelque chose de banal pour les *autres*...<br /> Je t'embrasse
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J
Tiens, Elise, te revoiçi !!Incapable de répondre aux messages qu'on te laisse mais toujours là pour revenir furter et décharger son venin lachement????
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E
Toujours la même chose ici (j'en ai marre), mais tu change quoi dans ta vie ?Rien, alors continue de la vomir cette vie
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L
ce soir une fois de plus je me dis aussi que c la derniere...
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