Rendez-vous avec moi-même
Aujourd’hui, je prends rendez-vous avec moi-même, car les choses ne peuvent plus durer ainsi. Alors je sais, je vais paraître stupide, de me parler à moi-même, mais peu importe !
De toute manière, je suis déjà asthmatIQUE, anorexIQUE, boulimIQUE ! Que l’on dise maintenant que je deviens psychotIQUE ne me gênera pas beaucoup ! Ca ne fera qu’un « IQUE » de plus ! ! Oui, un « HIC » de plus, un truc qui cloche en plus ! ! !
Voici les termes de mon entretien avec moi-même :
« Justine, ça ne peut plus durer. Tu es en train de toucher le fond, de te laisser complètement aller. Regarde à quoi tu ressembles ce matin. Tu as passé un mercredi déplorable. Alors d’accord, nombreuses ont été les raisons qui ont pu te mener à un tel laisser aller. Ton petit bout s’est levé grognon, mal tourné, pas en forme, et n’a fait que ouiner toute la journée… Il t’a sollicité sans cesse, t’a usée, vidée… tes grandes n’ont pas été au top non plus (à croire qu’ils s’étaient tous donnés le mot hier pour être pénibles !). Ton père était une fois encore présent toute la journée pour différents travaux et sa présence t’a perturbée…, tes tâches et ton retard à rattraper (linge et autre) n’ont pas été des plus reposants, et l’ensemble de tous tes autres soucis t’ont absorbée toute la journée… Très bien. Pas facile la vie d’artiste, ou plutôt, la vie de malade quand on a tant à assumer à côté. C’est vrai.
Mais est-ce une raison pour réagir comme tu l’as fait hier ? Tu n’as rien contrôlé, tu t’es laissée descendre encore plus bas. On a l’impression que tu te laisses complètement couler en ce moment. Pourquoi ? Pour toucher le fond une bonne fois pour toute ? Pour partir définitivement ?
Regarde-toi ce matin. Tu as le visage défiguré par les nombreux vomissements d’hier, des gerçures un peu partout, tu as passé la nuit à te battre contre l’insomnie d’une part, et des crises d’asthme qui subitement ont refait surface, tu t’es levée avec un genou complètement bloqué, certainement dû au fait de tes carences ou de tout ce que tu t’infliges en ce moment, tu es complètement démoralisée, déprimée. On a l’impression que tu ne veux plus te battre et que tu laisses la maladie t’emporter.
Mais non de dieu Justine, ce n’est pas toi ça ! ! ! Tu n’as jamais accepté de baisser complètement les bras, tu as toujours trouvé la force en toi de te battre pour ne pas sombrer. Tu as toujours voulu, malgré les souffrances, les douleurs, les difficultés de la vie, continuer d’avancer pour ne pas laisser tomber… Alors qu’est-ce qui se passe ? Tu vas mal, très mal. Tu ne te bats plus en ce moment. Tu te laisses aller dans les crises de boulimie, comme un alcoolique se laisserait sombrer dans ses bouteilles. Comme si tu y trouvais refuge, plénitude, repos. Comme si cela devenait ta seule arme pour combattre la vie et ses difficultés. Non mais franchement, regarde-toi devant un miroir ; tu ressembles à une véritable loque. As-tu pensé à l’image que tu donnes en ce moment à tes enfants ? As-tu imaginé ce que peut ressentir ton petit homme en te voyant ainsi ?
Tu n’as pas le droit de baisser les bras, de ne plus vouloir continuer le combat. Tu te dois de redresser la barre, pour ne pas chavirer, et faire plonger avec toi tout ton équipage. Alors réagis, secoue-toi, relève toi.
Même si tu as mal, même si les souffrances sont telles que tu ne trouves plus la force de te relever. Puise-là, tout au fond de toi-même. Met en œuvre tous les moyens possible pour y arriver.
Tu aimes la vie plus que personne, et tu as toujours espéré vivre le plus longtemps possible pour découvrir toutes les richesses qu’elle t’offrirait.
Alors sois plus forte que la maladie, que ses symptômes. Ne la laisse pas t’emporter, car c’est ce qu’elle est en train de faire aujourd’hui. »