Causes familiales ?

Publié le par Justine

Article intéressant… 

Une fois encore, je trouve que cet article sur l’anorexie est assez juste. Je pense qu’effectivement, le travail thérapeutique à faire va assez dans cette direction. Pour ma part en tout cas… Mais on sait tous qu’il y a divers degrés d’anorexie, et autant d’anorexies différentes que de personnes anorexiques.

 

 

Extrait de cet article :

« Souffrir n’est pas une partie de plaisir. La personne qui éprouve des difficultés à se nourrir souffre en général non seulement de faire souffrir, mais aussi que sa souffrance lui soit en quelque sorte reprochée. Il faudrait comprendre ce qui se joue dans l’inconscient et essaie de se dire par la difficulté à se nourrir, et la sensation de ne pas en ressentir l’utilité. Partant du principe que tout symptôme veut dire quelque chose qui ne sait se dire autrement… le symptôme anorexique est paradoxal puisque c’est à travers l’effacement que l’anorexie s’affirme : Et l’on doit voir en cette affirmation plus  un « programme de survie » et une stratégie de résistance à la souffrance, qu’une volonté de mourir ...  On remarque que même squelettique, l’anorexique se trouve en générale « trop » (trop grosse) . Comme si elle ou il gênait, comme si elle ou il dérangeait, comme si, à peine existante, elle ou il craignait encore de ne pas être aimable. Comme si ayant envie de s’aimer, pour exister, elle se supportait mal à travers l’image (ou des détails de l’image) que le miroir lui renvoie. On remarque aussi que le premier « miroir » est le regard maternel, et le visage que renvoie ce regard.   

On peut penser qu’une personne qui se supporte mal a peut-être senti que sa présence était mal supportée. Que ce qui lui était demandé, ce qui était  attendu de lui, la troublait ou ne correspondait pas à ce qu’elle croyait être.   

La demande a pu être abusive. Mais par demande abusive, j’entends une demande que l’on adresse à quelqu’un qui n’est pas en mesure de satisfaire à cette demande.  

Ainsi cette personne a pu ressentir une demande, directe ou indirecte, le plus souvent tacite, comme: « soit autre que tu es » « ou autre que ce que tu aspires à être » « soit l’objet de mon désir ». Et souvent trouble est le désir.   

L’individu, chez qui se déclare le symptôme anorexique, est souvent une personne écran sur qui  trop de projections parentales ont été portées.   

Elle surgit le plus souvent à un moment où l’on ne peut plus s’aimer, où l’on ne se sent plus assez aimé, ou pas assez aimable. Comme s’il était impossible d’être à la place que l’on nous assignait. Comme si une souffrance, non reconnue, nous habitait, comme si les soins et l’attention qui nous étaient prodigués ne nous concernaient pas.  

Difficulté à se nourrir « normalement ». Sensation de douleur et d’inassouvissement. Désir d’aimer et d’être aimable. Envie et peur de trouver plaisir. Besoin de bon.  Manger à peine - manger un peu. Juste de quoi se maintenir, mais que ce peu - fasse du bien et surtout pas de mal… Dégoût irrépressible pour certains aliments. Volonté de les éviter - pour éviter le sentiment de « basculer » de l’autre côté, éviter - surtout - le sentiment de dégoût. De l’impossible à vivre. D’une infinie douleur. Et l’amertume qui s’ensuit.  

L’anorexie est ainsi une tactique d’évitements, de plus en plus nombreux, car rien ne supprime tout à fait ni la sensation d’excès ni la sensation de dégoût. Elle ne naît pas par hasard, elle ne sort pas de nulle part. Elle est le plus souvent révélatrice d’un mal-être familial et exprime la nécessité d’établir de plus justes, de plus équilibrantes, de plus saines  relations.   

Quand ce qui est reçu (ou ce dont on est privé) communique trop de douleur pour pouvoir être supporté sans trop faire souffrir à son tour et souffrir de se faire reprocher sa souffrance, il ne reste qu’à se fondre dans la nature faute d’avoir pu se dire autrement.   

Le symptôme étant la difficulté et même l’impossibilité douloureuse de se nourrir. … il met en scène ce qui se passe et se transmet à travers l’alimentation : celle-ci, d’abord maternelle, met en cause la mère, mais surtout les dits et les non-dits, les consentements et les dénis transmis à travers l’alimentation. Ce qui s’y traduit des liens familiaux. Avec le consentement (tacite) du père. Il peut être entendu comme une contestation du « régime de vie proposé » et l’expression  d’une difficulté à avaler certaines nourritures affectives. Comme un appel au secours – pas à n’importe quel secours - pour dire un sentiment d’abandon et de trahison, réactualisé ou exacerbé par un événement, à un moment de l’histoire qui suscite « un retour en masse du refoulé  »… De l’impensé…   

La guérison passe d’abord par un détachement de la mère et de l’individu malade, une modification en profondeur de la relation. Mais un père qui n’a su sauver l’individu de la mère, un père qui n’a pu empêcher ce « mauvais traitement », est aussi responsable que la mère.

Ni l’un ni l’autre n’étant coupables, car eux aussi souffrants de leur empêchement…   

 

 

Il peut s’agir aussi, dans certains cas, d’une crainte de « reproduction » d’une faute  commise et qui a engendré ce trop de souffrance.  

Comment dire aussi sans blesser sans mentir qu’un amour est empoisonné ? Comment dire sans courir le risque d’être encore plus mal aimé (mal mené) ?  

Souvent élevé dans le souvenir d’un être idéal, « un autre idéalisé », haï/aimé comparé et mis en balance (de façon inconsciente) avec cet idéal, l’individu (qui devient anorexique) tend vers cet idéal. Et entre sous l’influence maternelle, en rivalité inconsciente avec lui. Comme pour être aussi aimable que celui qu’elle n’est pas. Qui la précède et dont elle occupe la place, et dont le souvenir hante l’esprit de celle qui lui prodigue ses soins.  

La tentation de plaire, pour ne plus déplaire, pour ne plus avoir mal à travers les projections qu’il reçoit, met l’individu en rivalité avec sa mère. Un effet de souffrance narcissique en miroir réveille en effet sa jalousie possessive, envers l’individu  devenu – pour d’autres - si aimable. Si charmant. Si attachant.  

Le perfectionnisme serait là pour tenter de ne plus être un « objet reprochable » et de gagner en reconnaissance, pour se réconforter, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur.  

La relation de proximité maternelle, entre fusion et confusion, peut-être vécue (à travers un excès de sollicitations) comme une agression incestueuse, non  chaste, encombrante, confusionnante. Et si il y a réelle agression sexuelle du père ou d’un membre de la famille, ou d’un étranger, il y a dégoût non pas tant du sexe que du mensonge familial et social qui dit je t’aime comme pour dire je te hais. Ou je te veux comme pour dire je te détruis. Je te garde pour te perdre. Et autorise ce qu’une société prétend interdire.  

Une relation maternelle abusive n’est en effet rendue possible que par l’absence de l’homme en temps que père et mari.  

L’enfant faisant appel à lui pour échapper à l’influence d’une mère perçue, comme dangereuse, et vécu comme déliquescente, se sent troublé, lorsque, dans le regard paternel, se rencontre un séducteur. Ce regard est reçu comme un comme un excès, une nourriture affective déplacée.   

Entre sentiment d’abandon, permissivité et agression parfois sexuelle, trahie ou déboussolée, elle (il) résiste à sa mère et a du mal à avaler ce qu’on lui tend. Tout cela en grande partie se joue dans l’inconscient, et pas seulement à travers l’anorexie, mais souvent de façon plus aigüe et plus radicale à travers celle-ci. L’anorexie serait l’expression tout à la fois d’un trop et d’un pas assez. Trop de désir, trop de plaisir. Trop de mère, pas assez de père. L’impression de ne pas exister, ou d’avoir été laissé tombé. S’il y a excès de mère c’est qu’il y a  en parallèle une absence physique mais surtout symbolique du père. 

 

L’hypersensibilité de l’anorexique résiste à tout discours qui l’enferme, elle a besoin d’être comprise, acceptée pour ce qu’elle est. Entendue en tant que sujet, et non prise en tant qu’objet (de diagnostique, de jouissance, d’étude clinique…).  

 

Comment dire à une mère que ce n’est pas elle que l’on n’aime pas mais ce qu’elle nous transmet que l’on ne supporte pas ? Comment faire passer - si ce n’est par la nourriture que ce qui a été transmis a peut-être été empoisonné ? 

 

Une personne anorexique est souvent un individu « mal aimé ». Ce qui est difficile à concevoir et exprimer dans une société qui privilégie la défense des parents et qui favorise l’apparence au détriment de l’essence. Lorsque la famille n’a su se remettre en questions, il reste à se soustraire seul aux soins et aux nourritures mortifères. Et faute d’avoir pu faire entendre - le passé inaperçu - qui continue à gémir dans les chairs (et à travers la chair)  bien au-delà des mots, il ne reste qu’à opérer seule la séparation. 

 

Pour parvenir à exister et aimer ailleurs. S’affirmer autrement qu’à travers les fantômes et projections encombrants que sa présence dans une famille, dans une lignée, alimente. […] » 

 

Je sais qu’il y a quelque chose au fond de moi, en lien avec ma famille, et surtout ma mère, qui n’est pas encore définitivement décrypté et réglé… 

Publié dans Archives 10 à 12-2006

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J
Ma belle, je passe juste en coup de vent.<br /> Je ne t'ai pas laissé tomber, il m'est arrivé beaucoup de choses ces derniers temps, j'ai eu du mal à me releve et je quitte Paris pour les vacances, j'ai plein de trucs à préparer...<br /> Dès mercredi, j'arrive chez mes parents et je viendrai te lire et t'écrire régulièrement, promis.<br /> J'espère que tu ne m'en veux pas de toutes cette absence.<br /> Je t'embrasse<br /> Juliette
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D
Je passe ici pour la première fois et j'en profite pour faire un petit bonjour confus et timide...<br /> A bientot...<br /> Bise
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A
Juste pour te souhaiter un bon fin de week-end et un bon debut de semaine .<br /> Kissous.
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A
Salut c'est la première fois que je tombe sur ton site et cet article me bouleverse... mais je na'is jamais réussi à penser objectivement à ma famille par rapport à mes tca... il y abien un père absent, une mère qui a trop de soucis et un frère dont on ne siat pas s'il est ami ou ennemi...<br /> Mais impossible d'aller plus loin. Courage à toi et à bientot peut-être.
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