Non, elle ne m'aura pas...

Publié le par Justine

Aujourd’hui je suis en colère, et en souffrance aussi. Besoin de venir me libérer ici, dans cet espèce de jardin secret où je suis venue déverser tant de choses, tant de sentiments.  

Pourquoi en colère ? Parce que la maladie, qui depuis ma sortie de l’hôpital n’a cessé de sommeiller en moi, d’attendre le moment opportun pour ressurgir et me posséder à nouveau, me menace de toutes ses forces.   

Les démons de l’anorexie ou la boulimie sont là. Ils me narguent, ils attendent la moindre faiblesse de ma part pour me remettre KO. Mais non, oh non, ils ne m’auront pas. Pas cette fois-ci. Jamais je n’accepterais de replonger dans un tel enfer. Qui ma valu tant de souffrances morales et physiques, qui a failli me faire tout perdre. Thierry et les enfants, ma famille, mes amies, mon travail, mes activités… et surtout… ma vie. 

 

En colère aussi parce que je suis responsable de ce qu’il m’arrive aujourd’hui et que je m’en veux d’avoir commis une telle erreur. Quand je suis sortie de l’hôpital, je pesais 55 kilos environ. J’avais comme me l’a dit en sortant le médecin qui me suivait là-bas, encore de la marge et pouvais prendre quelques kilos de plus. Seulement je suis sortie le 3 juillet. Vacances scolaires et à la maison avec mes 4 enfants. Des enfants tellement heureux de revoir leur maman enfin manger comme eux, de tout, à chaque repas. Alors je n’ai pas mis en place le programme alimentaire de l’hôpital, où chaque aliment était quantifié, pesé, calculé pour que l’on ne maigrisse pas bien sur, mais que l’on ne grossisse pas trop rapidement non plus. 3 plateaux par jour préparés par des nutritionnistes et diététiciennes, parfaitement équilibrés. 

 

A la maison, en période de vacances en plus, j’ai été plus cool et mangé de tout et n’importe quoi. Pizzas un jour, glace, gratin de pâtes, apéro de temps en temps, goûter de 16h avec les enfants… Les kilos ont commencé à s’accumuler. Rien de trop grave. Mais nous sommes partis tous les deux Thierry et moi quelques jours. Grand laisser-aller cette fois-ci. Sur le buffet petit déjeuner, les viennoiseries, les sandwichs de midi, pâtisseries, vin… De 59 kilos je suis passée à 62 kilos en rentrant ! Premières angoisses tout de même, inquiétudes, regrets, et envies de ne plus manger pour reperdre tout ce poids pris si vite et si bêtement. Mais je n’ai voulu me laisser emporter par ce désir de maigrir et replonger. Alors j’ai appelé l’hôpital et leur ai expliqué. Ils m’ont dit de ne surtout pas paniquer, qu’il n’y avait rien de dramatique, et qu’il suffirait qu’après notre semaine de vacances en bord de mer (pas pendant celle-ci pour ne pas la gâcher), je reprenne une alimentation plus saine et équilibrée, en limitant quelque peu les quantités pour réduire les calories et perdre du poids. Que j’allais reprendre mon travail, un rythme plus intense, et que tout cela m’aiderait à rectifier le tir ! 

 

Semaine de vacances en bord de mer avec mon p’tit monde. Là encore, inutile de décrire tout ce que j’ai mangé qu’il n’y aurait pas fallu. J’ai profité, je me suis fait plaisir, j’ai apprécié, j’ai dévoré la vie (et tant de choses ! !) à pleines dents comme jamais je ne l’avais fait depuis tellement longtemps… Seulement, le prix à payer a été le suivant : 65 kilos à mon retour. Cette fois-ci, c’était plus que de la panique ! J’étais catastrophée, horrifiée de me voir ainsi dans le miroir et surtout, de constater que plus aucun vêtement ne pouvait m’aller. J’ai du m’acheter une salopette style ethnique taille XL pour pouvoir me vêtir. Sentiments de honte, de culpabilité et de détresse immenses.  

 

Je me suis alors dit que cette fois-ci, il fallait réagir. J’ai diminué mes repas, limité l’apport calorique, me suis restreinte à manger uniquement des crudités, des légumes, viandes maigres et desserts à 0%. Je ne voulais pas rentrer dans le système « pomme/endive seulement ». Surtout pas. Mais je voulais perdre ces fichus kilos. Moral en baisse car à nouveau dans la privation, la frustration (un peu comme dans la maladie), nervosité, énergie diminuée…  Et puis ce qui devait arriver est arrivé. Compulsion, crise de boulimie ! Pourquoi ? Parce que mon corps n’a pas accepté cette réduction brutale d’apport calorique. Il était en manque et a envoyé un message à mon cerveau qui m’a déclenché cette fichue crise. 

J’ai rappelé l’hôpital, ne sachant pas comment réagir, quoi faire. La peur au ventre. Peur de retomber, de replonger. Le médecin qui m’a suivie m’a rassurée et expliqué que je savais très bien qu’en sortant de chez lui, je ne serais pas guérie. Que j’avais les armes nécessaires à combattre la maladie mais qu’elle serait toujours présente et pourrait, n’importe quand, s’engouffrer dans la moindre faille que je lui laisserais. Il a insisté en disant que je n’avais pas à me sentir coupable car n’importe qui aurait fait de même, manger en se faisant plaisir en cette période. C’est d’ailleurs ce que font la majorité des français pendant leurs vacances. Ils mangent plus facilement des plats rapides, des gourmandises… Se font plaisir, tout simplement ! Sauf que je fais partie de ceux qui prennent très vite du poids, et je ne pensais pas que les kilos se cumuleraient si vite. Mon corps aussi, a réagi en fonction de ce qu’il venait de vivre depuis 3 ans. Il a stocké, vite et bien, par peur d’être à nouveau privé ! ! Voilà aussi ce que l’on m’a expliqué. Le médecin m’a dit de ne pas dramatiser et que ce n’était rien en ce qui concerne la crise de boulimie. Normal même, compte tenu des restrictions imposées à nouveau à mon organisme. Il a compris aussi que mon poids de 65 kilos était pour moi insupportable et en a convenu que je devais d’un point de vue médical, absolument réussir à perdre et me stabiliser à 59 kilos environ. En me laissant ensuite, une marge de + ou – un kilo. Ne pas descendre en dessous de 58 et ne pas monter au dessus de 60. 

 

Bien joli ce discours, mais comme je lui ai répondu, comment faire pour revenir à 59 ?? On a longuement parlé, de tout ce que j’avais appris lors de mon hospitalisation, de la bêtise faite d’avoir d’un seul coup supprimé les féculents, les sucres, le pain… Il m’a expliqué à nouveau comment manger pour n’être en manque de rien et donc ne pas risquer de nouvelles compulsions, et pour perdre malgré tout du poids. Bien maintenir mes 3 repas par jour (ne surtout pas en sauter un), maintenir tous les aliments mais en quantité réduite. Et bien sur, limiter les corps gras et les aliments trop riches en sucre. Laisser de côté les frites, les pizzas, les apéros, les pâtisseries ! ! Et faire un peu de sport. Compter sur ma reprise de travail pour être plus « surbookée » et donc dépenser plus d’énergie. 

 

Ah oui, ma reprise de travail ! Parlons-en. Pour cela aussi je suis en colère. Car je devais réintégrer mon entreprise à compter du 9/08(date à laquelle prenait fin mon congé longue maladie) et poser quelques congés pour ne reprendre que début septembre. Comme tout mon p’tit monde. Seulement, pour raisons administratives (les membres du comité médical n’ont pas eu le temps d’étudier et de statuer sur mon dossier) on a prolongé d’office mon congé longue maladie de 3 mois, soit jusqu’au 9 novembre inclus ! Lorsque j’ai vu l’expert médical que je devais rencontrer, il m’a dit que j’étais effectivement apte à reprendre mon travail, mais qu’à la fin du congé. Donc, pas avant le 12/11/2007 ! Génial, on vous voit le 6/09 et on vous dit qu’il n’y a pas de problème pour reprendre le 12/11.  C’est inadmissible. D’une part d’avoir prolongé ce congé contre l’avis de mes médecins qui souhaitaient pour mon bien être, ma reprise de travail. M’éviter de me retrouver seule à la maison, m’éviter les tentations, les crises, me sentir plus utile et retrouver mon mode de vie normal…. Inadmissible aussi d’affirmer 2 mois avant que je serais apte à reprendre mon travail. Car à cause de leurs conneries (désolée pour le vocabulaire ! !), qui dit qu’au contraire, je ne serais pas à nouveau mal au point de devoir être arrêtée plutôt que d’^être réintégrée ! Vive l’administration et ces aberrations ! 

Mais bon, c’est ainsi, je ne peux rien faire de toute manière. Prendre mon mal en patience, tenter de mettre à profit de manière bénéfique ce temps de libre qui m’est imposé.  

 

J’aimerais pouvoir revenir en arrière et être le 03/07. Date de sortie d’hôpital à 55 kilos. Heureuse, rayonnante à l’idée de rentrer, de pouvoir à nouveau manger, de me sentir tellement bien dans ma tête et mon corps… Nager dans le bonheur, vraiment ! Mais impossible de retourner dans le passé alors maintenant, il me faut avancer, et ne pas me retourner.Ca aussi, je l’ai appris lors de mon hospitalisation. Ne plus jamais regarder derrière soi, toujours devant. 

 

Alors aujourd’hui, je garde le moral et me dis que pour le moment je suis toujours victorieuse. Je lutte encore contre la maladie, me bats chaque jour, mais pour l’instant, suis fière de gagner chacun de ces combats. Je ne veux plus jamais me retrouver au sol comme je l’ai été. Pour cela, je me relèverais, à chaque coup pris un peu trop fort. Car je sais depuis le travail accompli, ou puiser la force nécessaire pour cela. 

 

Je me persuade alors que je vais bien malgré ces quelques kilos qui me donnent du fil à retordre et je veux continuer à aller ainsi de l’avant. La maladie ne m’enlèvera pas ce bonheur retrouvé, cette joie de vivre que je ressens à nouveau. 

 

Publié dans Archives 01 à 12-2007

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L
Tu peux être fière de toi. N e te mets surtout pas la pression pour ces quelques kilos. Ca va se réguler. courage! bisous
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S
Un seul mot : COURAGE !Tu as déjà braver tant de choses que ce n\\\'est pas une petite crise qui va te faire revenir en arrière, tu es plus forte que ça, Soies heureuse et VIS ! Je pense que ça doit être la seule solution.Et comme me la dit mon psy il faut croire au miracles...   ;-)BisousSnow
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