Rechute...
Dans des maladies telles que l’anorexie-boulimie, maladies à part entière (même si elles sont d’origines mentales), il y a des paliers différents, des stades, des périodes de rémissions, puis de rechutes parfois…
Pour ma part, il semblerait que je sois en phase de régression. J’ai évoqué tout cela mardi soir, lors de mon rendez-vous chez le psychiatre. J’avais depuis quelques mois réussi à progresser un peu, évolué sur les causes de ces troubles, accepté de remanger quelques aliments, rendu moins obsessionnels les symptômes tels que le calcul des calories, la balance…
Et puis depuis quelques temps, la rechute. Les voix de l’anorexie m’ont envahie à nouveau, plus que jamais, et m’oblige à toutes ces obsessions incessantes qui reviennent. Perte de poids inévitable du fait de restrictions intenses ou de vomissements lorsque j’arrive à avaler quelque chose… J’avais réussi à atteindre 51 kilos il y a à peine 3 semaines de cela, aujourd’hui je suis à 45kg600. Rien de dramatique sur le plan physique, mais psychologiquement, comme je l’ai expliqué lors de mon rendez-vous, j’ai l’impression d’avoir fait tout le chemin inverse de celui parcouru depuis plusieurs mois.
Il paraît comme je le disais plus haut, que cela arrive fréquemment dans ce genre de pathologie. Des rechutes ou retour arrière, liés à des chocs psychologiques, des « agressions », des perturbations, stress, angoisses particulières, paroles des autres… On replonge de plus belle dans la maladie, de manière INCONSCIENTE, parce qu’on pense (suite à certaines situations), que les efforts fournis n’ont servi à rien, où qu’ils n’ont pas été satisfaisants pour les autres. Du coup, on imagine qu’il vaut mieux alors ne plus se battre, et lâcher un peu prise. Seulement dans ces troubles, tout effort suspendu correspond à une rechute. Un peu comme quelqu’un qui est suspendu à son cordage pour essayer de gravir une montagne. Il monte, il s’épuise, il progresse, il s’abîme pour y parvenir… et puis d’un seul coup, la personne placée plus haut, encordée à elle, le fait redescendre de plusieurs mètres… Alors comment ne pas abandonner, se laisser redescendre. Comment trouver le courage de remonter ce qu’on a redescendu ? Epuisé, on se dit qu’on a plus la force de remonter, et on se laisse glisser !
Bref, le diagnostic est clair. Je suis en phase descendante dans la maladie. Cela n’empêche pas l’évolution et le travail fait jusque là (heureusement !) sur le plan psychologique ou dans les faits au quotidien, mais les conséquences sont dans les symptômes à proprement parler. Ils se remettent en place exactement comme aux premiers jours. Il faut du coup accepter à nouveau de revivre dans les restrictions, les douleurs qu’elles entraînent, le froid, les insomnies, la fatigue, la faim…
Le risque, comme on me l’a expliqué, c’est que cela agisse de manière très importante sur le moral. Qui ne serait pas perturbé, déçu, démoralisé de constater que d’une certaine manière, on se retrouve au point de départ ? D’autant quand on souffre déjà tellement de voir que les choses n’évoluent pas vite !
Tout le monde sait combien l’état moral chez une personne est importante dans l’évolution d’une pathologie. Combien d’individus atteints d’un cancer ont réussi à vaincre, grâce à une force morale et mentale hors du commun ? Et combien à l’inverse, sont partis parce qu’ils se sont laissés plus ou moins mourir, parce qu’ils ne voulaient pas se battre davantage… ? La rémission, et même, la guérison… existent, à condition qu’on le souhaite au delà de notre volonté. Il faut autre chose, de plus fort, de plus profond. Dans les moments de rechutes, on perd un peu de cette flamme qui nous donnait la force de continuer et d’avancer.
C’est vrai qu’aujourd’hui, j’ai la sensation que ma flamme s’éteind…