Du bonheur plein les yeux !
Oh là là ! Oui… du bonheur plein les yeux, voilà ce que je viens de voir pendant deux jours… Aujourd’hui, je ne parlerai pas de moi, pas de la maladie. Pourquoi ? Parce que j’ai cette sensation étrange de ne plus être malade ! ! ! Non, malheureusement ce n’est qu’une impression, mais tellement forte et agréable, que je souhaiterais en parler et laisser tout le reste de côté.
Il y a quelques temps de cela, nous prenons la décision avec Thierry, que cette année ce serait nous qui inviterons toute sa famille pour fêter noël. Chacun de ses frères l’ayant déjà fait à tour de rôle, et nous, n’ayant encore jamais eu la possibilité de l’organiser. Je décide de louer le chalet qui m’est proposé dans le cadre du comité d’entreprise de mon travail, et de recevoir pendant tout un week-end, sur ce lieu de rencontre, toute la famille de Thierry soit une vingtaine de personne. Le seul week-end de disponible (tant au niveau de la location du chalet, que de la liberté des personnes) est celui du 9 et 10 décembre. Nous lançons donc ce défi ! Recevoir tout le monde ce jour là, et fêter noël au chalet…
Un véritable challenge pour moi. Il faut tout organiser, la réception de chacun, le repas de réveillon du samedi soir, le petit déjeuner du dimanche, déjeuner, l’animation, les cadeaux, les occupations, le couchage…
Je sais que cela ne va être facile et va me demander énormément de temps et d’énergie, mais je veux absolument y arriver, et me permettre de faire passer à chacun un joyeux noël. Montrer aux gens que la maladie n’empêche pas de vouloir se battre pour vivre de belles choses, montrer qu’on n’oublie pas pour autant les autres et leur bonheur… Et surtout, me faire plaisir aussi, à moi. Me prouver à moi-même que la vie vaut encore la peine d’être vécue.
Aujourd’hui, je peux écrire : « DEFI REMPORTE » ! !
C’est le plus beau noël, jamais partagé encore avec la famille de Thierry. C’était tout simplement génial. Beaucoup de simplicité, mais tellement de générosité, de joie, de bonheur, de bonne humeur…
C’est la 1ère fois que je vis une « réunion de famille » où tout se passe aussi bien. En général, il y a toujours quelqu’un qui est un peu moins bien, ou quelque chose qui dérape, des petites querelles, des choses qui loupent, des personnes déçues, quelque chose qu’on a oublié… Là, rien de tout cela. Chacun était en forme, heureux, content… pas de petits accros ou de grands loupés… Tout s’est tellement bien déroulé ! Les repas super, l’ambiance, l’animation, les cadeaux, l’organisation… Un régal… Tout le monde a aidé, participé, tout le monde s’est amusé, a profité… 
Et puis tout semblait être présent pour que cela se passe au mieux. Nous avions de la neige (ce qui faisait vraiment noël), et un soleil magnifique le dimanche, ce qui donnait un paysage féerique dès le petit-déjeuner… Les enfants ont été super, même notre petit loulou de 3 ans, pas habitué à si peu dormir et être dans une telle ambiance… Les adultes formidables…
Jamais je n’ai vu les gens aussi heureux de tels moments partagés. Jamais les gens ne nous autant remercié d’avoir organisé ce week-end… Je crois vraiment que cela laissera pendant quelques temps encore, un peu de baume dans le cœur de chacun. Et tellement de souvenir dans les esprits !
Mon petit loulou de 3 ans par exemple, n’arrête pas de nous raconter tout ce qu’il a vécu… Qu’il a trouvé dans la cheminé du chalet, le chapeau du père-noël (car en fait, un de mes beaux-frères avait amené un bonnet de père noël et l’a placé dans la cheminée pour faire croire à mon p’tit bout que le père-Noël l’avait perdu en remontant !). 
Mon loulou l’a récupéré, et ne le lâche plus depuis ! Il dit ne pas vouloir le perdre, pour pouvoir le remettre dans notre cheminée, et que lorsque le père-noël passera chez nous, il pourra le récupérer ! ! Ce n’est pas magique cela ? Oh ! tant d’émotion, tant de bonheur. Et puis mes plus grandes, qui n’oublieront jamais la bataille de polochons faite dans le dortoir du chalet à 5 heures du matin dimanche ! Et tellement d’autres souvenirs encore pour chacun d’entre nous…
Et moi. Pour la 1ère fois depuis bientôt 2 ans, qui ait réussi à manger. Oui, oui, manger. Normalement, lentement… ! Samedi soir, je me suis dit c’est noël, tu oublies tes kilos, ta maladie, tu te laisses vivre et tu profites. Alors j’ai commencé par l’apéritif, où je me suis permise 2 kirs et plusieurs petites dégustations (mini tartes à l’oignon, mini pizza, feuilletés de saucisses…). Je n’y pensais pas. Je dégustais, tout en parlant avec les autres, et en faisant en sorte de continuer d’organiser au mieux la soirée. Et puis lors du repas, qui a duré assez longtemps, j’ai mangé de tous les plats qui ont été servi ! Terrine de lièvre, vol au vent d’escargots, saumon fumé, chevreuil sauce poivrade avec garniture, fromage blanc à la crème et desserts maison, et toute sorte de pain ! ! Oui, j’ai mangé d’un peu de tout cela, normalement, assise à table avec les autres. J’ai mangé calmement, avec quelques verres de vin, de champagne qui accompagnaient ce repas. Je n’étais pas stressée à l’idée de manger. Un peu comme si je n’y avais pas prêté attention. Et puis tout se passait si bien ! Je n’ai pas eu le temps de me soucier de mes problèmes d’alimentation. J’ai profité de tout, simplement.
Et puis vers 1 h du matin, une petite voix tout de même (elles ne vous lâchent dont jamais !), me fait savoir que j’ai exagéré, et qu’il n’est pas possible que je puisse accepter de garder tout ce que j’ai mangé ! Tel un robot, je me surprends alors à remplir un pot à eau d’eau chaude, et monter à l’étage aux toilettes… J’essayerais en vain de me faire vomir. Rien n’a faire. Je ne peux rien rejeter ! Certainement parce que cela est trop tard. Cela fait des heures que j’ai commencé à manger… Aussi peut-être, parce que mon corps s’y est formellement opposé ! Il a du se dire, pour une fois que c’est fête et que j’ai enfin droit à quelque chose de sympa, je ne vais tout de même pas lui rendre ! ! ! Je n’ai même pas été contrariée plus que cela, me persuadant que je rectifierai le tir plus tard ! ! Surtout que ce qui est surprenant, et formidable en même temps, c’est que je n’étais pas mal ! Pas de ballonnements, pas de nausées, de maux d’estomac, de douleurs… Rien ! J’étais vraiment bien physiquement, et mentalement.
Dimanche, même chose. Je vais du coup prendre mon petit déjeuner avec tout le monde comme si je n’avais jamais été malade, en mangeant de tout, me faisant plaisir, et me prélassant pendant un long moment à table avec chaucn. Et de même pour le repas de midi. Friandises de nouveau avec apéritif, terrine de légumes, boudin blanc à la crème avec pâtes fraîches, fromages, desserts, papillotes, clémentine…
Bref, j’ai passé deux jours à manger comme je l’aurais fait il y a deux ans de cela, et sans vomir une miette ! !
Alors bien sur, inutile de dire que ce matin, c’était le choc ! De 46 kilos que je pesais vendredi, me voici à 49 ! ! Et oui, les plats de fête sont bons, mais caloriques n’est-ce pas ?!!!! Et puis quand vous n’avez pratiquement rien mangé depuis des semaines, et que d’un seul coup, vous faites quasiment 6 repas normaux, avec des aliments en plus très consistants et caloriques, il est clair que le poids remonte très vite ! ! Tout profite et comble les pertes des jours précédents.
Mais ce que je trouve formidable, c’est que même si dans un petit coin de ma cervelle ce matin, j’étais catastrophée, le reste de mon esprit était heureux malgré cela. J’étais contente presque de savoir que j’avais repris un peu de poids… et tellement remplie de joie d’avoir tant profité ce week-end. Et même… d’avoir mangé. Non pas avalé comme une truie des masses de nourriture lors d’une crise de boulimie. Non. D’avoir mangé. Normalement, calmement, en appréciant chacun des plats dégusté.
Ce week-end restera à jamais gravé dans ma mémoire. Car franchement, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu autant de pétillements dans les yeux de chacun, d’avoir vu autant de joie, d’ambiance, de bonheur lors d’une rencontre. C’était vraiment chouette. Et il y a bien longtemps que je n’avais pas ressenti de telles émotions et sentiments. Du bonheur à l’état pur, le vrai, celui qu’on ne vit pas aussi facilement que cela.
Et cela n’a fait que me conforter dans l’idée qu’il faut vraiment se battre contre la maladie. Pour cela. Pour vivre de tels moments. Et les partager avec les gens que l’on aime.
C’est pourquoi même si je sais pertinemment que mes troubles ne se sont pas envolés pendant le week-end, et qu’ils vont encore me donner pas mal de fil à retordre… je sais aussi que je ne baisserais jamais les bras. Que je donnerais toujours tout ce que j’ai, pour m’en sortir et ne pas partir…