Mon enthousiasme n'a pas été suffisant !

Publié le par Justine

 Je déteste ce corps, qui n'accepte pas toujours de suivre mon mental, mon moral et mon état psychologique. Tout l'enthousiasme de ces derniers jours, l'optimisme ressenti, le bonheur vécu, ne lui a pas suffi !  

 

 

C'est vrai qu'hier matin je me sentais très fatiguée. Peut-être à cause de ce week-end bien chargé et qui m'a demandé pas mal d'énergie, et du fait aussi de toutes ces nuits d'insomnie accumulées, ces dérèglements alimentaires, et organiques du coup...

 

Mais honnêtement, se sentir fatiguée lorsque l'on vit avec des TCA depuis des mois, cela n'a rien d'un scoop et n'empêche pas de continuer à avancer. Sinon, inutile de dire que l'on ne se lèverait plus jamais, et ne ferions plus rien.  

 

Seulement voilà, il doit y avoir des degrés de fatigue différents, que je ne dois pas toujours accepter de doser raisonnablement. Dans l'après-midi d'hier, j'ai commencé à tousser et manquer d'air. Je sens la crise d'asthme s'annoncer. Sans tarder, je prends une bouffée de Ventoline. Mais rien n'y fait. Alors j'en prends plusieurs et ajoute à cela une capsule de Foradil (plus fort). En vain. Les collègues préviennent le médecin du travail. Elle m'avouera ensuite que lorsqu'elle est arrivée, je ne ventilais plus du tout. Il y a fallu faire une réanimation par le bouche à bouche avec massage, dans l'attente de l'arrivée des pompiers et du SAMU. Ventilation, oxygène, et me voilà revenu dans le monde de la réalité ! Seulement, malgré mon refus catégorique d'être emmenée, je n'échapperais pas aux urgences ! Les antécédents de ces derniers temps les obligeront à me garder en observation et pratiquer de nouveaux tous les examens nécessaires. Ma vie n'étant néanmoins plus en « danger de mort », ils me laisseront finalement rentrer à la maison, mais cette fois-ci avec un arrêt de travail initial obligatoire d'une semaine.  

 

Je suis très en colère, après moi. Après ce corps qui ne m'a pas écoutée et qui n'a pas su empêcher cela ! De quoi vais-je avoir l'air en retournant au boulot ? Après toutes ces interventions médicales au bureau, après tout ce que les collègues ont entendu hier car le médecin du travail (qui connaît mes troubles), a raconté l'ensemble de mes problèmes aux médecins du SAMU. Et cela, devant la masse de curieux qui se trouvaient dans la pièce (soit la moitié de la DRH je pense ! !). Elle leur a dit que j'étais anorexique-boulimique, que je me nourrissais de deux endives par jour et d'un litre de café, que je dormais que 2 à 3 heures par nuit depuis des mois, que j'étais du style à ne jamais vouloir arrêter, tant à la maison qu'au boulot ! Bref, je n'irais pas contredire tout cela, mais je suis très ennuyée de savoir que tout le monde va me regarder maintenant avec une nouvelle image.  

 

Je ne veux pas être considérée et observée comme une malade, je ne veux pas être traitée en tant que telle, je ne veux pas de la complaisance des autres ou de leur pitié. 

 

J'en veux vraiment à ce corps de m'avoir mise dans pareille situation. Et qui m'oblige à cet arrêt de travail que je n'accepte pas. J'ai des dossiers importants en cours, au boulot, et même si je ne me prétends pas indispensable, ce n'était pas le moment que je lâche mon travail ! Nous sommes déjà en effectif réduit car deux sont en arrêt maladie dans le service emploi-recrutement, alors je me devais de ne pas renforcer ces difficultés ! De plus, je ne veux pas me retrouver seule à la maison. J'ai trop peur des conséquences. Alimentaires d'une part, morales d'un autre côté. Car même si je fais partie de ces personnes qui savent s'occuper et même, qui n'arrêtent jamais une seconde, il n'empêche que cela ne comble pas toujours tout et que l'état psychologique en est parfois affecté. Alors c'est vrai que rester toute seule pendant 3 jours à la maison (car demain j'aurais les enfants près de moi) me fait peur. D'autant que le moral a chuté en flèche ! Je prends conscience de ce que mon état peut générer pour les autres, mon entourage, et je ne peux accepter cela. J'ai la sensation d'être un poids, un énorme boulet (dans tous les sens du terme !) et d'ennuyer le monde. Et que l'on ne vienne pas me dire le contraire, car je ne suis ni sourde, ni aveugle, ni complètement folle encore... 

Publié dans Archives 10 à 12-2006

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L
Le boulot on s'en fout, le plus important est que tu te reposes ma belle. Tu ne peux pas continuer à ce rythme.  Je reste un peu sans voix devant ton post et j'ai dû mal de trouver les mots qui pourraient te réconforter un peu...<br /> Je te fais de gros bisous
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A
Oui, on a souvent cette impression d'etre un poids pour l'entourage mais il faut aussi penser a soi sinon comment guerir. C'est vrai que l'on en demande parfois trop a nos proches mais si ils nous aiment, ils doivent nous aider, nous soutenir et qu'ils comprennent que lorsque tu iras mieux ils en tireront egalement les benefices . On a besoin de se sentir comprise et epaulee .<br /> Pour ta rage envers ton corps, sache que si ca n'a rien a voir avec les tca tu ne devrais pas lui en vouloir, c'est a part. Ca pourrait arriver a beaucoup de gens. De mon point de vue, j'en voudrais plus au medecin qui a raconter ce que tu avais a tes collegues alors que ca ne leur regardaient pas. Je comprends qu'apres ta semaine de pause-boulot, tu te sentiras mal quand tu y retourneras, c'est maladroit de sa part.<br /> Ne peux-tu pas travailler a domicile? Tu pourrais sortir avec tes enfants ? Pour eviter de rester chez toi livree a la nourriture.<br /> Je suis sure qu'il reste quand meme un peu de gaiete, de fierte , de satisfaction de la derniere fois qui se cachent quelque part en toi, non ? Sert toi s'en ! <br /> Je te souhaite de tout coeur de bien te retablir . Allez, plein de courage. Va de l'avant. Je pense bien a toi.<br /> Kissous<br />  
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