Un article qui m'a encore plus touchée que les autres !

Publié le par Justine

C’est drôle, de tomber sur cet article. Ecrit par une canadienne et qui se nomme Stéphanie Bérubé. Un petit clin d’œil à ceux qui comprendront pourquoi je suis d’autant plus émue à la lecture de cet article, très intéressant…  

 

Et j’aimerais tellement qu’en France également, quelqu’un puisse écrire un tel article…  

Car je suis convaincue qu’effectivement, les Troubles du Comportement Alimentaire ne peuvent plus être considérés uniquement comme des maux d’adolescente.  

 

Troubles alimentaires: des femmes mûres dans le piège

De Stéphanie Bérubé  / Le dimanche 02 sept 2007

 

 

 

 

 

 

 

Kelly Smith, 39 ans, a dû consulter un médecin pour vaincre son anorexie.  Photo Mel Evans, AP

 

 

 

 « La Presse

Les troubles alimentaires ne peuvent plus être considérés comme des maux d'adolescentes. Le nombre de femmes mûres qui en souffrent est en hausse en Amérique. Et l'anorexie, le plus meurtrier de ces troubles, ne les épargne pas.  

 

-Nous voyons une nette augmentation du nombre de femmes plus âgées dans nos cliniques-, constate Cynthia Bulik, directrice du programme des troubles alimentaires de l'Université de Caroline du Nord. Selon cette sommité mondiale dans le domaine, il manque cruellement de données sur les cas adultes.

Opinion partagée par l'ensemble des intervenants internationaux, dont Tania Lemoine, fondatrice de la clinique montréalaise Baca. Dans son bureau de consultation, rue Sherbrooke, Tania Lemoine a une bibliothèque bien garnie. Des dizaines et des dizaines d'ouvrages de références sur les troubles alimentaires. -Mais aucun qui ne s'intéresse spécifiquement à l'anorexie après 35 ans-, déplore-t-elle.

Plus de neuf patients sur 10 aux prises avec des troubles alimentaires sont des femmes. La majorité des patientes traitées à l'âge adulte traînent le problème depuis l'adolescence. Une partie d'entre elles ont néanmoins développé des troubles plus tard. À la suite des stress de la vie: une séparation difficile, des problèmes d'ordre professionnels, les défis de la vie de famille.

Selon Tania Lemoine, il ne faut pas s'étonner de voir tant de femmes développer une anorexie à l'âge adulte, alors qu'elles ont carrière et famille. -Il y a un niveau d'anxiété extrêmement élevé dans la société présentement, dit-elle. Or anxiété et troubles alimentaires vont main dans la main.- D'autant, poursuit-elle, que la nourriture est omniprésente dans le quotidien maintenant.   

 

 

On voit alors des femmes mures très intéressées par la nourriture et très préoccupées par leur poids. Elles se pèsent tous les jours, font des régimes, craignent comme la peste que leurs enfants deviennent obèses, vérifient les repas en famille. Elles ne sont pas obsédées, jusqu'au jour où survient une épreuve dans leur vie. Elles perdront alors le contrôle.   

Toujours plus jeune, toujours plus mince 

 

L'environnement social est très important dans le développement de troubles comme l'anorexie. -Avez-vous déjà entendu cette expression récente qui dit que 40 ans est le nouveau 30 ans?-, demande la Dre Anne Becker, directrice de la clinique des troubles alimentaires du Harvard Medical School de Boston. Justement, explique-t-elle, les femmes sont plus nombreuses à avoir recours à des traitements antivieillissement. Il ne faut pas s'étonner de voir aujourd'hui des femmes en préménopause réagir fortement à des changements corporels auxquels elles ne peuvent rien.-"Comme une adolescente pourrait réagir à la puberté-, compare la Dre Becker.  

 

Selon le Dr Howard Steiger, de l'Institut Douglas de Montréal, les pressions sociales sur les femmes ne cessent pas à la fin de l'adolescence. -On voit plus de femmes de 40 ans ou 50 ans dans les gym qu'on en voyait il y a quelques années-, note-t-il.  

 

L'Institut Douglas, qui est le centre de référence en troubles alimentaires chez les adultes au Québec, n'a pas assez de places pour répondre à toutes les demandes. -Il y a une croissance des troubles alimentaires en général, confirme le Dr Howard Steiger. La croissance est toutefois nettement plus marquée dans le cas de la boulimie. Pour l'anorexie, la croissance est là, mais moins marquée.  

 

Sa collègue américaine Anne Becker croit que les patientes adultes forment tout de même une «population invisible» pour la médecine.-«Les anorexiques sont maigres, explique-t-elle. Un médecin qui rencontre une patiente atteinte peut le déceler. Mais dans le cas de la boulimie, il peut ne pas y avoir de symptômes physiques chez les femmes plus âgées. Les praticiens n'ont pas encore le réflexe de poser des questions à ce sujet. 

 

Aux États-Unis, depuis 30 ans, le nombre de femmes avec des problèmes de comportement alimentaire a doublé. Officiellement, le Département américain de la Santé estime qu'au moins cinq millions de femmes ont des troubles alimentaires. D'autres organisations considèrent que pour un cas déclaré, il y en a un autre qui se vit anonymement. 

 

Les troubles alimentaires chez les adultes ont ceci de particulier: ils peuvent passer inaperçus. Surtout chez les personnes qui vivent seules. Une femme peut manger un excellent lunch santé entre amies, le midi. Ses collègues ne sauront jamais que c'est son unique repas de la journée. Les anorexiques limitent les repas pris en public, elles refuseront une invitation à souper avec des amis plutôt que de devoir trop manger selon leurs critères.  

 

Le tueur silencieux  

 

Lorsqu'elles réalisent, et admettent, qu'elles ont un problème grave, plusieurs femmes tardent à s'engager dans une thérapie. Précisément parce que l'anorexie est considérée comme une maladie d'adolescentes.  

 

Le Dr Steiger croit toutefois que les femmes qui vont au Douglas ont fait un bon bout de chemin. -Ces femmes veulent s'en sortir, dit-il. Alors que les adolescentes qui ont été traînées chez le médecin par leurs mères sont plutôt en déni.- Les spécialistes s'entendent à dire que le taux de réussite est toutefois plus bas chez les adultes souffrant d'anorexie.  

Les deux tiers des femmes qui souffrent d'anorexie nerveuse vont tout de même s'en sortir, et développer un meilleur comportement alimentaire. De ce groupe, une bonne partie va guérir complètement.  

Une personne sur cinq qui a souffert d'anorexie ne s'en sortira jamais et, de ce triste groupe, 5% en mourront. Surtout chez des gens qui ne sont pas traités. De tous les troubles psychologiques, l'anorexie est le plus meurtrier.  

Pour plus d'informations et de ressources, consultez le site www.lanorexiesesoigne.com lancé par l'Institut Douglas en parallèle à une importante campagne de sensibilisation. » 

Publié dans Archives 01 à 12-2007

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