De retour

Publié le par Justine

 

Nous voici rentrés de vacances, après quelques jours passés en camping au bord de la mer. Contrairement à la plupart des gens qui sont partis en août, nous avons eu une chance inouïe pour la météo. Soleil, chaleur, pas trop de vent. Cela nous a permis de profiter de la plage, des piscines, des activités extérieures, petites boutiques de souvenirs, les marchés, les paysages, terrasses, chaise longue… Un régal. Les vraies vacances, vraiment. J’ai même réussi pour la première fois à vraiment décompresser, tout oublier du quotidien, et laisser derrière moi la maison, les corvées, les habitudes et tout le reste. J’ai pu me détendre, me ressourcer. J’ai même réussi un exploit : ne rien faire du tout ! Rester des heures allongée sur une chaise longue, à bouquiner un magazine (et encore !), me prélasser, penser à rien et « lâcher prise ». J’ai accepté de laisser ma p’tite famille gérer le peu qu’il y avait à faire là-bas, et me suis laisser vivre comme jamais je ne me l’étais encore permis jusqu’à présent.

 

J’avoue que cela était plaisant et m’a fait un bien fou. J’ai pu prendre le temps de réaliser plein de choses, de faire le point sur d’autres, de prendre de nouvelles décisions aussi, sur ma vie au quotidien. Une semaine très bénéfique pour moi, qui m’a réellement donné l’occasion de recharger les batteries. Heureusement d’ailleurs, car le retour est toujours un peu rude.

 

On quitte un temps superbe et le soleil pour retrouver dès notre arrivée la pluie et la grisaille, on découvre la boîte aux lettres qui dégorge de factures et courriers en tout genre qui vous annonce que c’est plus le moment de vous reposer ! Les affaires de vacances à ranger, linge à remettre à jour. La maison qui a pris la poussière et les toiles d’araignées (même en si peu de temps), les extérieurs qui ressemblent à une véritable forêt vierge, les travaux qu’il va falloir relancer et terminer, la rentrée des enfants qui s’annonce mouvementée avec les réunions, les rendez-vous, visites médicales de sport et autre, le boulot que je reprends jeudi après 4 semaines d’absence et de courriers qui ont dû s’entasser… Waouh ! Il vaut mieux ne pas penser à tout cela, sinon, c’est déprime assurée et tout le bénéfice des vacances qui va partir en fumée en une seule journée !

 

Je vais donc essayer de relativiser, faire les choses une à une et tranquillement, et stresser le moins possible. En me persuadant que de toute manière, cela ne servira à rien et au contraire, ne fera que compliquer la tâche.

 

Parlons maintenant de mes troubles.

 

Si j’ai réussi à tout laisser derrière mois pendant ces 10 jours loin de la maison, il y a malheureusement une chose qui m’a poursuivie et ne m’a pas lâchée, c’est la maladie. Premier jour d’arrivée au camping, je me persuade de ne pas faire de crise, que je suis bien, que tout va pour le mieux, et qu’elle n’a pas lieu d’être. Seulement voilà, même au bord de la plage à faire des châteaux de sable avec mon p’tit loulou, l’envie de manger m’obsède et me ronge. L’air de la mer et la baignade me donnent encore plus faim que d’habitude, mon estomac me fait souffrir, et même si je suis parfaitement détendue et bien, je ne peux m’empêcher d’y penser. Je finirais la soirée malheureusement à criser sur le peu de réserves trouvées dans le mobil home, et aux toilettes ensuite.

 

Ce soir là, j’ai été encore plus déçue qu’après toute autre crise, car je m’étais tellement mis dans la tête qu’il y aurait en vacances un déclic, une possibilité de mettre fin à cela, que tous mes espoirs semblaient s’envoler. Honte et culpabilité m’ont envahie très profondément. Bien sûr, je me lève le lendemain pleine de bonnes dispositions, à me jurer une fois encore que je serais maîtriser les choses aujourd’hui et ne pas craquer ! Pire que la veille, c’est dès le midi que je ferais une crise de boulimie. Seulement la suite ne s’est pas passée comme je l’aurais voulu. Je suis allée aux blocs (aux toilettes) mais cette fois-ci contrairement à la veille, il y avait très peu de bruit. Pas de douche qui coule, pas de chasse qui se tire… Difficile du coup d’être dans l’intimité et de se faire vomir. Mais il le faut absolument, je ne peux rester avec tout ce que j’ai avalé. J’ai trop mal, et trop honte, trop peur de grossir surtout… Alors je me lance et me dis que je me fiche de ce que vont penser ceux qui m’entendront ! Au bout d’une dizaine de minutes ou j’essayais en vain de faire revenir la crise (impossible à ce moment là !), quelqu’un s’approche et frappe à la porte. J’entends « It’s ok ? » ! !  Je réponds « yes, yes, no problem ». On frappe de nouveau et me demande « Are you sure ? ». « Yes, very sure » ! ! Mais l’angoisse monte, car les WC sont faits de telle manière qu’il suffit de monter sur la cuvette et d’escalader un peu pour voir ce qu’il se passe dans celui d’à côté. J’ai eu peur alors que les gens essaient de regarder si tout allait bien me concernant. J’imaginais leur stupéfaction à me voir accroupie devant ma cuvette, la tête dedans avec ma bouteille d’eau et ma brosse à dents… ! ! Les yeux complètement boursouflés et le visage livide de quelqu’un qui n’arrive pas à se libérer. Prise de panique et d’un sentiment de honte comme jamais, je renonce alors à continuer d’essayer la purge. Je remballe tout et rentre au mobil home. Contrariée bien évidemment et mal. Très mal, physiquement, mentalement, moralement.

 

Du coup, cet épisode aura été plutôt bénéfique, car sans expliquer vraiment pourquoi, j’ai réussi pendant tout le reste du séjour, à ne pas déraper, ne pas criser. J’ai mangé plus, me suis accordée quelques aliments interdits comme une crêpe le soir, ou une glace, un morceau de sandwich… J’étais bien ainsi en fin de compte, et contente de m’épargner un peu, me faire du bien et pouvoir apprécier des petites choses agréables. J’ai apprécié ces moments de répits.

 

Aujourd’hui je suis très en colère, car à midi j’ai craqué. Après tous ces jours sans crise, j’ai replongé. Pourquoi ? Stress du retour, habitudes qui reviennent, réflexes incontrôlés qui s’installent à nouveau, hasard, ou sans raison… Je ne sais pas, mais alors que j’avais devant moi au repas mon saladier de salade, je me suis jetée sur le plat de pommes dauphines préparées pour mon p’tit monde. Une, puis deux, trois, quatre, dix… Trop tard. Je ne décrirais pas le reste de ce que j’ai avalé comme une truie, ce serait inutile. Je pense que quelque chose m'a contrariée en fait. Pour être sincère, j'avoue avoir été perturbée par le fait que pour mon aniiversaire, je n'ai pas reçu de carte ou de petit message d'une personne qui d'une certaine manière m'est chère et très importante pour moi, ma tante. Elle n'oublie jamais mon anniversaire. Toujours un petit message sur le répondeur ou le portable, ou une petite lettre. Rien cette année. Et maman aussi, m'écrit toujours une carte. Là, c'est mon père qui l'a écrite, avec un texte dont je me serais bien passé (sur la guérison ! ! Sympa pour vous souhaiter bon anniversaire), et maman a juste signé. Je sais que cela signifie quelque chose. Rien à dire, du moins, rien à ME dire. Pourquoi cela me bouleverse après tout ?

Profondément chagrinée de devoir faire le constat que les troubles sont bien toujours là, et profondément ancrés. Je n’attendais pas de miracle, mais l’espoir que ce court départ m’aide à aller vers le mieux.

 

Alors je garde en mémoire les bons moments tout de même, les petites parenthèses que je me suis offerte, les instants où je n’ai eu aucuns maux, aucune souffrance… Je m’accroche à cela et surtout, continue de me dire que les choses évoluent quand même, j’en suis certaine.

 

J’ai repris un peu de poids pendant ces congés, et j’essaie aussi de me persuader que c’est une bonne chose.

 

POSITIVER… Oui, voilà ce que je fais, je positive. Ca va aller. Je viens de fêter en vacances mes 36 ans. Je suis encore tellement jeune. La vie me réserve encore plein de merveilleuses surprises alors il faut continuer à se battre, pour en profiter au maximum. N’est-ce pas ?

 

Publié dans Archives 07 à 09-2006

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B
Coucou !<br /> Te voilà revenue de vacances... <br /> Je trouve ça pas mal... tu as bien réussi tes vacances et le passage "BLOC", souris-en...<br /> Moi aussi je passe par la période boulimie et c hard.<br /> Mais j'ai repris des kilos (53 maintenant, une baleine quoi !).<br /> Heureuse de te lire. Bisous.
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J
Je suis vraiment contente que ces vacances se soient à peu près bien passées, et soyons un peu moins perfectionnistes, ça nous changera, elles se sont même bien passées.<br /> Presque pas de crise, et des aliments caloriques en petit nombre et bouchées de manière raisonnable, du repos accordé, du "lacher prise"...<br /> Tu sais en lisant ton post, je "souriais" quand tu parlais de l'épisode au bloc des toilettes, je me rends compte que j'aurai eu la même réaction que toi, j'aurai eu peur qu'on voit ce que je faisais et en même temps, ça a du arriver à beaucoup d'autres campeurs d'aller vomir parce qu'ils étaient simplement nauséeux... ils auraient pu eux aussi avoir une brosse à dents parce qu'ils seraient venus se laver les dents dans les douche et avoir comme beaucoup de personnes une bouteille d'eau avec eux par ces chaleurs...<br /> J'espère que tout ira de mieux en mieux pour toi. Ah si seulement on avait moins peur de la guérison qui entrainerai indéniablement une prise de poids... on doit accepter tout le contraire de ce pourquoi on s'est tant battue...<br /> Mais j'ai espoir avec une grosse dose de confiance en nous ça pourrait arriver. Et regarde tu as qq chose qui pourrait te rendre fière de toi et te donner une peitite dose de confiance: ces vacances, elles n'étaient pas sans tca mais tu as mangé, tu as peu crisé...<br /> A bientôt<br />
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